L'Ortie dioïque : Symboles et Traditions
- Leslie
- 3 déc. 2019
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Dernière mise à jour : 8 déc. 2019
L'Ortie dioïque Urtica dioica, encore appelée la Grande Ortie, l’Ortie piquante ou l’Ortie élevée, est connue et utilisée depuis « la nuit des temps » par les Hommes, et probablement les animaux, pour soigner les maux du quotidien. D’un point de vue éthymologique, Urtica - Uro ou urere, signifie « je brûle » en latin. Et dioica signifie « dioïque », les fleurs mâles et femelles se trouvant sur des pieds séparés.
MEDECINE
Les Grecs appelaient l’Ortie « Alkalyphe ». Ils s'en servaient pour soigner la toux, la tuberculose, l'arthrite, ainsi que pour stimuler la pousse des cheveux. Le célèbre médecin grec Galien (129 – 200/216 ap. JC) la conseillait également en cas d’impuissance et pour ses propriétés hémostatiques.
L’Ortie est citée parmi les préceptes de l’Ecole de médecine de Salerne (IXème – XIXème siècle) (Italie) : « L’Ortie, aux yeux du peuple herbe si méprisable, tient dans la médecine une place honorable ». Elle était notamment conseillée en flagellation comme diurétique, mais aussi contre les douleurs articulaires. Culpeper (1616-1654), botaniste, herboriste, physicien et astrologue anglais, la recommandait aussi pour soigner les maladies des vaisseaux sanguins, des voies respiratoires et les infections de la peau. D’autres conseillaient de se frotter les parties génitales pour produire un « coup de fouet », grâce à la vasodilatation que provoque l’urtication. Ces pratiques de flagellation se retrouvaient aussi en usage vétérinaire pour les chevaux et le bétail. Parfois aussi, on saupoudrait les feuilles d’Orties de sel fin avant de les récolter, puis on les glissait sous les draps à l’insu du partenaire, pour leur effet aphrodisiaque. Pour plus d’information, voir en Annexe 1 : Historique des utilisations médicinales de l’Ortie en Europe.
En médecine ayurvédique, on emploie l’Ortie en association avec d’autres plantes pour traiter les hémorragies utérines, les saignements de nez, les éruptions cutanées et l’eczéma. Les Amérindiens quant à eux s’en servent pour soulager les douleurs rhumatismales, ainsi que pour soutenir les femmes durant l’accouchement. Et au Maroc, on utilise l’Ortie pour traiter l’hypertension.
CUISINE
En Europe, l’Ortie a toujours été consommée fraîche, jeune et tendre, soit crue, en salade, soit cuite, comme des épinards, en soupe. Avec les feuilles de Pissenlit et d'autres plantes printanières, les jeunes pousses d'Ortie faisaient partie des « cures du printemps » jadis populaires. En Inde, la médecine ayurvédique la préconise pour le régime alimentaire des individus de type Kapha.
SYMBOLISME ASTROLOGIQUE
Tous les peuples d'Europe du nord, ainsi que les grecs de l'antiquité, considéraient l'Ortie comme un tonique de printemps. Les astrologues y voient là un lien avec l’équinoxe de printemps, symbolisée par l’entrée du Soleil dans le signe du Bélier. Associée au premier signe du Zodiaque, l'Ortie est aussi la première herbe comestible à pousser au début de l'année. Les grecs et les romains associaient l'Ortie à la planète Mars et au signe du Bélier. En effet, l’Ortie était réputée favoriser les exploits sportifs ou guerriers. On en trouve d’ailleurs une indication dans l’art culinaire d'Apicius, grand chef de cuisine romain du Ier siècle après J.C. Dans la tradition hindoue, l'Ortie est associée au dieu védique Agni, qui est l'incarnation du feu rituel et a pour monture un bélier.
CROYANCES
Auparavant, pour se protéger d’un environnement énergétique malsain, on conseillait de porter sur soi un sachet de tissu rouge, couleur du Bélier, rempli de poudre d’Ortie. On disait aussi de l’Ortie qu’elle supprimait la peur si on la tenait dans la main avec des brins d’Achillée millefeuille.
En Afrique noire, elle est toujours utilisée par certaines tribus lors de l’initiation des jeunes hommes, dont on frotte le corps avec des Orties avant de les envoyer prendre un bain. Au Pérou, l’Ortie était utilisée pour flageller les femmes accusées d’adultère. D’ailleurs en ancien français, flageller quelqu’un avec un rameau d’Ortie, se disait « Ortier ».
Lors d’un mariage kabyle, le jour du henné, la mariée se lave selon un rituel précis, à l’aide d’un mélange à base d’eau froide, d’œufs et d’Orties. Les Orties sont le symbole de l’éveil, afin que la mariée dans le couple soit toujours plus éveillée que son mari.
SYMBOLE BOTANIQUE
Dans le langage des fleurs, l’Ortie signifie « trahison ». D’ailleurs, selon la tradition de l’arbre de mai, l’Ortie est aussi un symbole de rupture. Mais l’Ortie représente également la franchise, car contrairement à d’autres plantes, elle ne cherche pas à masquer ses « défauts » derrière une apparence flatteuse.
EXPRESSIONS
Il existe de nombreuses expressions imagées autour de l’Ortie. En voici quelques-unes : - « le jardin aux Orties » : cimetière. - « le mal d’Ortie » : éruption d’urticaire. - « Gracieux comme une poignée d’Orties » : personne très désagréable - « Etre sur des Orties » : ne pas être vraiment à l’aise - « Sur quelle touffe d’Ortie a-t-elle marché pour me traiter de la sorte » - Trois cent vingt noms populaires ont été recensés à ce jour. Ces noms sont souvent proches du mot « Ortie » ou de sa racine latine. D’autres font référence à ses piquants, d’autres encore précisent leur usage. De même, de nombreux lieux ont été nommés en fonction de l’abondance et de la présence de la plante.
TISSAGE
Les tiges d’Ortie soumises au rouissage, comme le chanvre, fournissaient un bon fil utilisé par les pêcheurs de Hollande et de Sibérie notamment, pour la fabrication des cordages et des filets. La fibre d'Ortie quant à elle, servait à la fabrication de tissus et de papier, tout comme la fibre de lin. La couleur naturellement verte de la fibre d’Ortie était utilisée pour confectionner les vêtements de camouflages de l’armée allemande pendant la première et la deuxième guerre mondiale.
COLORANT ALIMENTAIRE
En raison de sa haute teneur en chlorophylle, l'Ortie a été utilisée comme colorant vert naturel dans les conserves de légumes.
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Extrait de Monographie de l'Ortie dioïque, Leslie Colin, Mars 2015. En consultation sur la page DOCUMENTS de ce site internet.
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