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Francesca Barbieri : La renaissance par le voyage

  • Photo du rédacteur: Leslie
    Leslie
  • 7 nov. 2019
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 22 déc. 2019

A l’âge de trente-cinq ans, Francesca Barbieri découvre qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Elle traverse l’épreuve de la chimiothérapie avec succès et décide de partager son expérience. Pour cela, elle entreprend un voyage autour du monde, dans le but de participer activement à la prévention et de lever des fonds pour la recherche contre le cancer. Elle entame son voyage début Octobre 2019 en Asie. Le Petit Journal a eu le plaisir de rencontrer la jeune femme lors de son passage à Singapour.


C’est à l’hotel Mandarin Orchard que je fais la connaissance de Francesca Barbieri, une jeune femme souriante et chaleureuse. Rien ne permet d’imaginer ce qu’elle vient de traverser… voici son histoire.


Francesca Barbieri, trente-six ans, est originaire de Modène en Italie. Désormais installée à Milan, elle est « Travel Blogger » depuis dix ans ; autrement dit, elle gagne sa vie en voyageant. Son métier consiste à produire du contenu écrit et imagé pour des acteurs de l’industrie du tourisme, tels que des agences de voyage, des offices de tourisme, des compagnies aériennes ou encore des chaînes hôtelières.


En juin 2018, à l’occasion d’un voyage professionnel en Autriche, Francesca détecte une grosseur au niveau de sa poitrine. Elle consulte son médecin dès son retour en Italie. Ce dernier lui assure que son nodule est bénin et qu’il n’y a pas lieu d’y toucher. Trois mois plus tard, le kyste a grossi. Elle retourne voir le même docteur qui, une fois de plus, se montre rassurant. Selon lui, seules des raisons esthétiques pourraient pousser sa patiente à se faire opérer. De plus, comme il n’y a aucun caractère d’urgence, les frais d’une telle intervention ne seraient pas pris en charge par l’assurance maladie. Francesca souhaite néanmoins un second avis médical. Elle consulte alors un autre médecin, qui effectue le même diagnostic que le premier. Mais la jeune femme n’est pas tranquille : « Je voulais me débarrasser de ce kyste au plus vite. J’ai donc accepté de prendre en charge l’intégralité des frais et me suis faite opérée une semaine plus tard ».


Comme après toute intervention de ce type, la biopsie est envoyée au laboratoire pour analyses. Le verdict tombe dix jours plus tard : s’agit d’une tumeur cancéreuse. C’est un véritable choc pour la jeune italienne. « Je me suis évanouie » se souvient-elle, « je ne m’y attendais vraiment pas ». En effet, aucune prédisposition n’aurait pu laisser présager d’un tel diagnostic : « Je mène une vie plutôt saine ; je suis végétarienne depuis vingt-trois ans, je fais attention à mon poids et je ne fume pas. De plus, il n’y avait jamais eu aucun cas de cancer dans ma famille ». L’investigation menée par le chirurgien révèlera trois jours plus tard que le système lymphatique n’est pas atteint. Il s’agit donc d’un cancer de stade précoce (stade zéro). Cependant, son degré d’agressivité est évalué à 70%. L’oncologue estime que sa patiente présente une risque élevé de rechute. Il lui recommande donc de se soumettre à protocole de radiothérapie et chimiothérapie, pendant six mois.


Francesca vit en couple mais n’a pas d’enfants. Par conséquent, elle prend la précaution de faire congeler ses ovules avant de démarrer son traitement. L’italienne de trente-cinq ans s’apprête à subir une chimiothérapie très agressive, qui fera disparaître toute pilosité très rapidement. « J’étais horrifiée à l’idée de perdre mes cheveux », confie-t-elle. Rappelons que Francesca est bloggeuse. Apparaître sur les contenus qu’elle publie est naturel. Il lui semble inconcevable de se montrer sans cheveux et le teint jauni par la chimiothérapie. Elle ne souhaite pas qu’on ait « pitié » d’elle. De plus, elle craint d’effrayer ses clients et de perdre leur confiance. Elle prend alors la décision de se taire : « Je n’en ai parlé à personne. J’ai prétendu que tout allait bien ». Seuls ses proches sont au courant de son état de santé.


Francesca trouve rapidement des solutions lui permettant de préserver son image. Elle fait appel à un perruquier qui l’équipe d’une chevelure identique à la sienne. Le postiche est fixé à son crâne. Nulle besoin de l’enlever pour se baigner ou aller se coucher : « Cela m’a beaucoup aidée pour surmonter cette épreuve. Seuls ma famille et mes proches savaient que je portais une perruque ». L’utilisation d’un filtre facial autorise même la bloggeuse à redonner vie à son visage sur Instagram. Elle reste donc active sur les réseaux sociaux pendant toute la durée de son traitement. « Les jours où j’étais à l’hôpital, je publiais d’anciennes photos de moi me promenant dans la rue » se souvient-elle.


Malgré le soutien admirable de ses proches, le traitement de chimiothérapie est très éprouvant : « Je me sentais mal constamment. Certains jours je ne trouvais pas l’énergie pour me tenir debout ou de manger. Je passais des heures dans mon canapé, à regarder la télévision… je ne me reconnaissais plus ». De plus, afin de soutenir son métabolisme, la jeune femme suit un régime très strict : une alimentation principalement « vegan » (aucun produit d’origine animale), pas de sucre, pas d’alcool, pas de piment. Du fait de la motivation qu’elle tire de son activité professionnelle, Francesca parvient malgré tout à effectuer une mission à Abu Dhabi : « J’ai sauté dans l’avion vingt-quatre heure après une séance de chimiothérapie. J’étais tellement heureuse de pouvoir faire ce voyage. J’ai profité de chaque instant comme jamais auparavant. »


En janvier 2019, au bout de trois mois de chimiothérapie, la jeune italienne commence à réfléchir à sa prochaine étape de vie. « Une fois que tout cela sera terminé, je veux faire quelque chose de GRAND » se dit-elle. « J’ai toujours voulu faire un tour du monde. Le moment est venu d’accomplir mon rêve ». Après six longs mois de traitement, Francesca décide de diffuser une vidéo dans laquelle elle révèle ce qu’elle vient de traverser et expose son projet : réaliser une vaste campagne de prévention contre le cancer du sein en effectuant un tour du monde en solitaire. Tout au long de son voyage, elle entrera en contact avec des médias et des organisations locales, afin de partager son expérience, de soutenir des actions de prévention et de lever des fonds (« fundraising »). La moitié de l’argent collecté ira à l’Association Italienne de la Recherche contre le Cancer (AIRC), et l’autre moitié servira à financer ses déplacements. Le site de fundraising sera ouvert jusqu’en janvier 2020, ce qui correspond à la fin du périple de Francesca. Elle rentrera alors en Italie pour un bilan de santé trimestriel.



La diffusion de cette vidéo génère une vague de dépistages à l’issue de laquelle deux femmes découvrent qu’elles sont attentes d’une tumeur mammaire. Francesca est en contact permanent avec elles : « Je leur donne des conseils pour s’alimenter et faire face au traitement ». Par ailleurs, elle reçoit chaque jour des milliers de messages positifs de personnes actuellement en traitement ou en rémission : « Elles me disent que j’envoie un message d’espoir. C’est très motivant ». La démarche de la jeune femme bénéficie rapidement d’un soutien international. Elle est invitée à plusieurs émissions de radio et son histoire fait l’objet d’articles dans des journaux tels que le Huffington Post et le magazine Vanity Fair. En parallèle, elle prend part à des conférences et participe à de nombreux évènements sportifs, organisés dans le cadre de la prévention contre le cancer du sein. Aujourd’hui, Francesca a déjà récolté 15000€. Les dons viennent principalement de « followers », c’est-à-dire les internautes qui suivent ses publications.


C’est le 8 octobre 2019 que l’italienne de trente-six ans choisit de prendre son envol, tout juste un an après la découverte de son cancer. Pour des raisons de confort et de praticité, son itinéraire inclut en majorité des pays au climat agréable. Francesca passera par Hong Kong, la Chine (Shenzhen, Macao), Taïwan, Singapour, Bintan, la Malaisie, l’Australie (Sydney, Darwin), les îles Cook, Tahiti, le Costa Rica, l’Amérique du Sud (pays à définir), et enfin l’Afrique du Sud. Au cours de son voyage, Francesca continue à écrire et à publier des articles décrivant ses expériences. Elle profite notamment de sa notoriété de bloggeuse pour décrocher quelques partenariats, comme avec le Singapore Tourism Board, qui lui offre deux nuits d’hôtel ainsi qu’une visite guidée de la ville, en l’échange de publications. Son programme n’inclut pas la visite d’hôpitaux, car elle considère qu’il est très délicat d’aller à la rencontre de médecins et de patients : « En tant que patiente, je n’aurais pas apprécié discuter avec quelqu’un qui était en train de voyager pendant que j’étais à l’hôpital ». Elle préfère donc axer sa démarche sur la prévention.


De passage à Singapour en Octobre 2019, elle est invitée à donner un discours à l’occasion d’une conférence organisée par Tukker Medical Center : « The insider’s guide to breast cancer awareness : from prevention to treatment ». La jeune femme prône les dépistages réguliers et insiste sur le fait que la détection précoce du cancer est la clé d’un traitement efficace. « Certaines femmes ne se font pas dépister de peur du résultat ». Or, le temps s’avère être un facteur important. Dans le cas de Francesca, repousser un examen de seulement quelques mois aurait pu être fatal : « J’ai été chanceuse car ma maladie a été prise en charge très tôt ».


Après une telle épreuve, la jeune femme aborde son existence avec une nouvelle philosophie : « Depuis cette expérience, je suis devenue plus attentive à mon corps et à mes besoins. J’ai pris conscience que la vie était courte et qu’elle pouvait basculer à tout moment ». Désormais, elle se ressource en méditant et en prenant le temps d’apprécier des plaisirs simples, comme une bonne tasse de café ou un bain de soleil. A la fin de notre entretien, Francesca me remet un petit tatouage temporaire sur lequel est écrit « No worries », à l’image de l’inscription tatouée sur sa nuque. Cette devise résume bien la personnalité de cette jeune femme à la bonne humeur contagieuse, qui nous nous rappelle qu’il est important célébrer la vie à chaque instant.


Vous pouvez retrouver Francesca sur son Travel blog


Article publié sur lepetitjournal.com/singapour le 29 octobre 2019.

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