Fontainebleau
- Leslie
- 22 déc. 2019
- 4 min de lecture
Discours Ice Breaker, Leslie COLIN, donné le 1er novembre 2019 :
Chers membres Toastmaster, Chère Présidente : Bonsoir !
Donner mon premier discours ce soir me renvoie à l’époque de mes premières « colles » ! Je ne fais pas allusion à la fameuse colle Cléopâtre de notre enfance, avec son parfum sucré dont je me délectais… Je ne parle pas non plus des « colles » assenées par nos professeurs quand on séchait les cours… Non…
Ici je me réfère aux « colles » subies par les étudiants de classes préparatoires. A la manière d’une séance d’improvisation, on vous fait tirer au sort une question technique et on vous demande de présenter oralement une réponse élaborée, illustrée de schémas ou de formules mathématiques… De grands moments de solitude me concernant !!
Je me souviens encore de ma première colle et de ces mots du professeur : « qu’est-ce qu’ils sont moches vos dessins ! » … On était loin de l’atmosphère bienveillante des réunions Toastmaster. Vous l’aurez compris, pour ce premier discours, j’ai choisi vous parler d’une période marquante de ma vie : mon année de classe préparatoire.
En 1996, mon bac en poche, je m’inscris dans une classe préparatoire à Fontainebleau, pour étudier ma matière préférée : la Biologie. D’autres matières telles que les mathématiques et la physique sont également au programme…bon, il faudra faire avec !
A mon arrivée en Seine et Marne, je prends une chambre chez l’habitant, avec deux colocataires. L’une d’elle, Béatrice, est aussi en classe préparatoire dans le même lycée que moi. Dès la rentrée, nous faisons connaissance avec nos camarades de classe, mais aussi avec les 2èmes années… sans nous douter que ceux-ci allaient devenir de véritables bourreaux quelques jours plus tard !!
Et oui, le bizutage est de mise ! Nos aînés nous interceptent à la sortie des cours et prennent un malin plaisir à nous barbouiller de marqueur, d’œuf et de farine. Et gare à ceux qui refusent de se soumettre à leurs injonctions : ils se verront affublés du sobriquet « bizu » pour le reste de l’année…
Arrive enfin la soirée d’intronisation, au cours de laquelle on nous emmène dans une grotte en forêt de Fontainebleau, afin de subir toute une série d’épreuves grotesques…
Bref, entre les colles et le bizutage, le moral en prend un coup… Me voilà plongée dans un monde rempli de polycopiés imbuvables et de théorèmes scientifiques sans queue ni tête !! Ma moyenne navigue aux alentours de 6/20, l’humiliation est à son comble ! Puis arrivent les vacances de Noël...
Le 30 décembre 1996, je rentre d’une virée à Paris avec ma sœur. Il est tard et la nuit est glaciale. La neige est annoncée pour le lendemain et la route est verglacée par endroits. Ma soeur me propose de rester dormir chez elle. De mon côté, j’ai des examens à préparer pour la rentrée. Il faut que je rentre chez mes parents ce soir ou bien je risque de ne pas avoir le temps d’étudier suffisamment. Je décline donc l’invitation de ma sœur et décide de prendre la route.
Le hasard veut que je me trompe d’itinéraire… Ce n’est pas grave, je vais retrouver mon chemin, je continue. J’arrive en plein centre d’Orléans. Je roule doucement car la route est un peu glissante. Tous les feux sont rouges ce soir… SAUF celui du croisement du Faubourg Bannier…
Tout ce dont je me souviens ensuite, c’est de me réveiller allongée sous une couverture thermique, dans une ambulance de pompiers. Un autre véhicule vient de percuter le miens, à plus de 130km/h… deux occupants de l’autre voiture sont décédés dans l’accident. Ma ceinture de sécurité m’a sauvé la vie. Je m’en tire avec un léger traumatisme crânien et 4 fractures du bassin.
Je passe 2 mois en convalescence chez mes parents, dans le Loir-Et-Cher. Pendant toute cette période, mes camarades de classe m’envoient leurs cours chaque semaine afin de me permettre de continuer à étudier. Mais de retour à Fontainebleau, rien n’est plus comme avant… sauf mes notes déplorables !! J’ai perdu la « niaque » comme on dit !
L’année suivante, je choisis une voie universitaire. Je laisse tomber les maths et la physique, pour me re-concentrer sur la Biologie et profiter enfin de ma vie d’étudiante !
Cette année passée à Fontainebleau fut pour moi une sorte de passage initiatique. Mon entrée dans la vie adulte. Après avoir affronté maintes épreuves et humiliations… la VIE m’a rattrapée comme pour me dire : « Stop ! Tu vaux MIEUX que cela ! » Et oui, cet accident de voiture tragique, qui aurait pu me coûter la vie, m’a finalement sauvée !
La semaine dernière, j’ai rencontré une jeune femme qui a survécu avec panache à un cancer du sein très agressif. Celle-ci m’a rappelée ce que j’ai compris de ma propre expérience quelques années plus tard : « La vie est courte ! N’attend plus pour réaliser tes rêves et surtout… : AMUSE-TOI ! » C’est cette devise que j’ai l’intention d’appliquer avec vous, pendant mon parcours avec Toastmaster !
Merci
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